Le système de gestion de contenu WordPress fait tourner près de 40% des sites web dans le monde, une perte considérable pour Google si WordPress s’oppose à l’implémentation du nouvel outil de publicité ciblée FLoC. Google suscite la controverse depuis quelques semaines à la suite de l’annonce de son nouvel outil de traçage publicitaire. Pour rappel, la firme de Mountain View avait annoncé vouloir en finir avec l’utilisation des cookies tiers pour son service Google Ads. Pour Google, il est désormais question d’utiliser un outil plus favorable au respect de la vie privée, mais qui permet tout autant de faire du traçage publicitaire. Le Federated Learning of Cohorts (FLoC) permet d’anonymiser un utilisateur parmi des milliers d’autres internautes semblables, aux historiques de recherche similaires. Pour ce faire, un algorithme attribue l’historique de l’utilisateur à une cohorte, ce calcul a lieu sur l’appareil de la personne et Google n’y a pas accès. Le service Google Ads n’aura ainsi accès qu’à la référence de la cohorte à laquelle un utilisateur appartient, mais pas à ses données à caractère personnel. Si cette alternative peut paraître comme une solution convenable pour certains, d’autres l’ont vivement critiquée. Les détracteurs de la publicité ciblée tels que les navigateurs Brave, Vivaldi et DuckDuckGo ont rejoint l’ONG américaine Electronic Frontier Fondation (EFF) dans la lutte contre le FLoC. Cette dernière qualifiait le FLoC de discriminatoire dans une lettre ouverte adressée à Google : « Les plateformes sont trop souvent incapables de prévenir les abus de leur technologie. Mais FLoC utilisera un algorithme non supervisé pour créer ses clusters. Cela signifie que personne n’aura un contrôle direct sur la façon dont les gens sont regroupés. (…) Le comportement en ligne est lié à toutes sortes de caractéristiques sensibles – des données démographiques telles que le sexe, l’origine ethnique, l’âge et le revenu et même la santé mentale. Il est fort probable que FLoC regroupera les utilisateurs selon certains de ces axes également », affirmait l’EFF. C’est précisément là que ça pourrait coincer pour WordPress. Numerama a fait part hier du post d’un contributeur de WordPress qui proposait de bloquer par défaut le traçage publicitaire en FLoC : « WordPress alimente environ 41% du web – et cette communauté peut aider à combattre le racisme, le sexisme, la discrimination anti-LGBTQ+ et la discrimination à l’égard des personnes atteintes de maladies mentales avec quelques lignes de code », affirme Carike (pseudo). Ce dernier met à disposition les lignes de code nécessaire à cette implémentation et explique que les sites désireux d’activer le FLoC pourront le faire facilement. Le post a suscité un grand engouement de la part de la communauté de WordPress et des centaines de commentaires ont alimenté le débat sous la publication. Rien n’a encore été réellement mis en place, mais une prise de position de la part de WordPresse pourrait mettre à mal la stratégie de Google quant au FLoC, qui risquerait de perdre son emprise publicitaire sur un pan entier du web. Quoi qu’il en soit, le débat sur le sujet continue de faire rage parmi les acteurs du web. L’utilisation des cookies tiers a fait son temps et la plupart des navigateurs actuels les bloquent par défaut. Les inquiétudes face au respect de la vie privée ont grandi depuis les premiers pas du traçage publicitaire en ligne. Il semble que la relève ne sera cette fois pas si facilement assurée.